Salariés en détresse psychologique : La santé mentale des collaborateurs doit être une priorité des entreprises pour garantir leur pérennité
Éclairages du cabinet AlterNego
« Cette épidémie est stressante, anxiogène et peut générer une souffrance psychologique. » Jérôme Salomon, directeur général de la Santé (DGS), a consacré un long moment de sa conférence de presse du 17 novembre à la santé mentale des Français, qui se dégrade fortement cet automne.
Pour Lionel Neveux, psychologue et Sénior Manager du cabinet AlterNego « Il est aujourd’hui indispensable de tirer les enseignements de la crise. Tout se joue maintenant. Les entreprises qui s’en sortiront gagnantes seront celles qui miseront sur l’humain en priorité, en comprenant leurs enjeux »
La crise du coronavirus a bouleversé la vie personnelle et la vie professionnelle des salariés. Le télétravail en mode dégradé a donné naissance à de nouveaux risques psychosociaux que les entreprises doivent apprendre à gérer. Impossible de faire comme si rien ne s’était passé et de reprendre la vie de bureau comme avant.
« Dans ce contexte les entreprises se préoccupent évidemment de leur situation économique et en font leur priorité. Côté salariés pourtant la demande de soutien et d’accompagnement est exponentielle. Ces deux demandes peinent à se rencontrer et si coté employeur on a bien conscience de la nécessité de mettre en place des dispositifs d’écoute et de soutien, les stratégies économiques et les stratégies sociales se rencontrent trop peu. » explique Lionel Neveux.
Pour le cabinet AlterNego, il s’agit en effet de sécuriser les collaborateurs :
« Il faut arrêter de jouer les pompiers et aller sur notre capacité à comprendre des enjeux humains à plus long terme. Il faut donner aux collaborateurs les moyens de retrouver la stabilité dont ils·elles ont besoin».
Cela dans le but de renforcer la confiance des collectifs de travail à l’égard de leur encadrement et de leur organisation. Apprendre à développer une capacité de résilience à la fois individuelle, managériale et organisationnelle permet d’améliorer durablement la performance sociale et économique de l’entreprise.
La France est en retard et les grandes entreprises françaises, qui ont déjà eu à gérer des scandales sociaux et économiques il y a 10-15 ans, se sont rendues comptes des impacts plusieurs années après. Alors elles s’y sont mises tant bien que mal, mais globalement sur un mode qui ne semble pas soutenable à long terme. Pour le cabinet AlterNego, il s’agit d’aller un cran plus loin.
« Si on n’est pas capable de regarder à plus de 3 ou 6 mois on se trompe. A minima, il n’est pas question de former des armées de managers sur les risques les plus forts, mais de considérer qu’il est possible de former quelques personnes pour répondre à des demandes et niveaux de détresse différents, et surtout individuelles. En bref, envisager l’internalisation voir l’ institutionnalisation » plus systématique de métiers dits « accompagnants», indique Lionel Neveux.
AlterNego, cabinet expert des questions sociales livre quelques conseils pour aider salariés et managers à traverser cette période compliquée
Avant toute chose, il s’agit en tant qu’encadrant de comprendre ce qui se joue chez les collaborateurs et les collectifs de travail, à travers l’évaluation du potentiel traumatique d’une situation donnée.
Ensuite, il est primordial d’organiser l’intervention adéquate au bon moment. En effet, l’action à déployer ne sera pas la même selon la temporalité dans laquelle l’on se place, qu’il s’agisse d’une urgence (premiers jours après un évènement potentiellement traumatique), d’une post-urgence (dans le mois suivant un évènement de ce type), ou d’un accompagnement à moyen terme.
Dans les deux mois suivant la survenue d’un tel événement, il est nécessaire de prêter attention au développement d’éventuels troubles de stress post-traumatique chez le collaborateur, et d’orienter sa prise en charge psychologique.
Auprès des collectifs, la même attention prévaut pour détecter l’installation de potentiels malaises, afin de les traiter, notamment par une libération de la parole en collectif.
Au niveau de l’organisation, une stratégie de communication devrait être définie et structurée.
La santé mentale au travail est ainsi l’affaire de tous. Il s’agit pour cela de la prendre en considération, avec toute la rigueur et la sensibilité que ce sujet appelle, afin d’éviter de faire « plus de mal » en faisant « mal ».
A propos d’Alternego
Le cabinet AlterNego a été créé en 2010, à l’initiative de Jean-Edouard Grésy, Ricardo Perez Nückel et Julien Ohana. Il intervient aujourd’hui dans plus de 25 pays dans le monde. Convaincu de la nécessité d’appréhender l’autre via un processus de dialogue et d’échange, AlterNego consacre notamment ses efforts à la formation et à l’accompagnement des individus, des équipes et des organisations, pour lesquels les modes alternatifs de résolution de conflits sont créateurs de valeur. AlterNego s’engage aussi à mettre ses compétences au service du « mieux vivre ensemble », en participant à des actions de médiation sociale et interculturelle dans la cité, ainsi qu’à des démarches de reconstruction de confiance dans des pays en situation ou en sortie de crise.