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Health Tech : cette appli propose une « méthode d’alcoolique » pour perdre du poids

Health Tech : cette appli propose une « méthode d’alcoolique » pour perdre du poids

Avec l’arrivée du printemps, démarre aussi « la saison des régimes ». En France, 17% des personnes sont obèses et 47% sont en surpoids. Les méthodes traditionnelles (régimes restrictifs) conduisent à des échecs dans plus de 80% des cas : le marché de la lutte contre le surpoids et l’obésité reste donc à conquérir, après 2 années de crise sanitaire.

Régime, activité physique… et si l’accompagnement psychologique était le chaînon manquant pour devenir un poids lourd du secteur ?

Après s’être infiltrée plusieurs semaines dans des réunions d’Alcooliques Anonymes, une entrepreneuse et ancienne obèse (130 kg), a transposé leurs techniques pour aider à perdre du poids, durablement, via une application mobile et une communauté de soutien en ligne.

 

Il suffirait de manger moins et de faire du sport, vraiment ?

Selon une nouvelle étude (cf. encadré plus bas), 2 Français sur 3 estiment que l’obésité est avant tout une question de volonté. Une idée reçue qui alimente la « grossophobie » et engraisse les promoteurs de programmes de régimes restrictifs.

« Depuis toute petite, on me dit : “c’est simple, mange moins et fais du sport !’’ Comme si je n’y avais pas pensé… La science démontre pourtant que le surpoids et l’obésité dépendent de plus de 110 facteurs !  Psychologiques, hormonaux, environnementaux, sociaux, sociétaux, nutritionnels… » explique Maïwen Janovet la fondatrice de la health tech Fedmind à l’occasion d’une conférence TEDx (cf. encadré plus bas « Plus de 110 facteurs »).

 

Le marché de l’obésité dans le miroir : alcoolisme, tabagisme, addictions…

Pour changer en profondeur le regard sur le surpoids et l’obésité, la jeune entrepreneuse en est convaincue : le grand public et les professionnels doivent faire le parallèle avec l’alcoolisme, le tabagisme et les autres addictions comportementales.

« En 2022, plus aucun professionnel de santé n’oserait dire à un alcoolique : ‘’mais enfin, c’est simple, il vous suffit d’arrêter de boire !’’ Pourtant, de telles injonctions sont encore faites aux personnes obèses ou en surpoids, sans même chercher les causes psychologiques profondes qui pourraient venir tout saboter. » défend Maïwen Janovet.

 

Une entrepreneuse infiltrée dans les réunions des Alcooliques Anonymes

Après être parvenue à perdre plus de 60 kg (elle en faisait 130 kg) et convaincue par l’efficacité de l’approche psychologique pour éradiquer les « kilos émotionnels », elle s’est infiltrée pendant plusieurs semaines dans les réunions des Alcooliques Anonymes pour en comprendre le protocole et l’appliquer à l’obésité.

« Dans ma tête, je remplaçais juste le mot [alcool] par [excès de nourriture] et [alcoolisme] par [obésité] et tout devenait évident ! Lorsque j’ai fini par tout avouer, ils ont été compréhensifs de ma démarche et m’ont même trouvé mincie… enfin, pas de quoi trinquer avec eux non plus ! » confesse la jeune femme.

Une péripétie qui l’a ensuite amené à créer l’association des Obèses Anonymesdes groupes de parole entre obèses. Les premiers succès, l’engouement mais aussi l’avènement des restrictions sanitaires l’ont enfin conduit à développer l’application mobile Fedmind (« un esprit nourri »). La méthode, entièrement accessible en ligne, permet de recréer et d’enrichir l’accompagnement psychologique proposé par l’association des Obèses Anonymes.

Conçue avec un conseil scientifique et en partenariat avec des centres spécialisés de l’obésité, cette « méthode d’alcoolique » n’a donc rien de farfelue. Elle ambitionne d’aider les personnes en surpoids ou obèses à retrouver un esprit libre et léger, le tout (précisons-le encore), sans ivresse ni excès !

 

Technique de « grosse hacking » (growth hacking) : le film aux 7 millions de vues

Produit par la startup Fedmind, le film « Grosse » est un moyen métrage poignant qui raconte les souffrances d’une jeune femme obèse depuis son enfance. La vidéo continue sa viralité et cumule désormais 7 millions de vue. Disponible gratuitement sur youtube, elle fait partie des actions de sensibilisation de la startup contre la grossophobie.

 

L’enquête qui révèle l’ampleur de la « grossophobie »

Une nouvelle enquête (*) initiée par l’application Fedmind montre à quel point les Français (surtout les hommes) jugent sévèrement les personnes en surpoids et obèses.

2 Français sur 3 considèrent que l’obésité est avant tout un manque de volonté (chiffre qui monte à 3 sur 4 chez les hommes). Une idée reçue à la source de tous les maux (grossophobie, culpabilité,…) et que la science refute : une étude britannique dénombre plus de 110 facteurs à l’origine de l’obésité (cf. encadré plus bas).

Plus d’1 Français sur 3 estiment que donner une visibilité plus juste aux personnes en surpoids (dans les médias, la publicité, les séries, le cinéma…), c’est aggraver l’obésité en la banalisant (chiffre qui monte à 44% chez les hommes). Une réalité bien ressentie sur les réseaux sociaux par les personnes obèses : lorsqu’elles osent enfin s’assumer et s’accepter, on leur reproche de faire l’apologie de l’obésité.

Pire encore, 1 Français sur 5 (près de 1 sur 4 chez les hommes) pense que la grossophobie peut contribuer à faire perdre du poids aux obèses (car cela les motiverait à ne plus la subir). Dit autrement, pour illustrer ce clivage avec une expression dans l’air du temps, certains seraient prêts à « emmerder jusqu’au bout » les obèses… mais pour leur bien !

(*) A l’occasion de la journée mondiale de l’obésité, étude menée entre le 24 et le 25 février auprès de 1002 individus âgés de de 18 ans et plus, extraits du panel de Yougov Direct. Résultats redressés afin d’être représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon les critères socio-démographiques (sexe, âge, PCS individu, catégorie d’agglomération, région d’habitation du foyer).

 

Pour en savoir plus :

  • Échanger avec des femmes qui pratiquent cet accompagnement psychologique et participent à des groupes de parole
  • Échanger avec les membres du conseil scientifique qui ont participé à bâtir cette approche psychologique
  • Découvrir plus en détail la startup et l’application mobile Fedmind

Plus de 110 facteurs expliquent le surpoids et l’obésité

Face à une vraie pathologie, la science balaye les idées reçues et les injonctions simplistes contre l’obésité telles que « il suffit de manger moins et de faire du sport ».

Sociologiques, psychologiques, physiologiques, nutritionnelles, sportives, sociétales… une étude britannique (cf. page 12 pour le schéma ci-dessous) détaille plus de 110 variables influençant le développement systémique de l’obésité chez l’individu et dans nos sociétés.

 

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